Présentation spéciale Kotodama

Spéciale Kotodama

Présentation spéciale Kotodama

Les docu-manga des éditions Kotodama

Aujourd’hui, je vous propose un post un peu particulier, pour vous présenter plus en détail les quatre titres composant actuellement le catalogue des éditions Kotodama.
Il s’agit d’un label des éditions Petit à Petit, entièrement dédié aux mangas, et plus particulièrement aux « docu-manga ». Alors pas de panique, il ne s’agit pas de documentaires indigestes, mais bien de mangas comme n’importe lesquels de ceux qui sont sur vos étagères. C’est simplement qu’ils abordent toujours une thématique particulière en lien avec le Japon et se terminent par un livret documentaire illustré en couleur, accessible au grand public et synthétique, d’environ 16 pages afin de développer quelques axes abordés dans l’œuvre.

Engineer - À la conquête du rail

Des quatre titres de cette présentation, il s’agit assurément du plus technique. Le mangaka est un véritable passionné des chemins de fer et ça se sent à travers son souci du détail, en particulier lorsqu’il dessine des locomotives. Cela contraste avec ses chara-design nettement plus épurés, mais qui ne rendent pas pour autant les personnages moins expressifs.

 

Yasujirô Shima et Amamiya forment un duo aussi plaisant que celui d’un Sherlock et d’un Watson. Deux personnalités très différentes, l’un façonné par ses connaissances et son souci de sécurité des usagers et du personnel, et l’autre, par son expérience du terrain et son pragmatisme, l’heure c’est l’heure ! À eux deux ils ont une expertise exceptionnelle, et c’est en les suivants que l’on découvre la modernisation des chemins de fer au Japon.

 

C’est en pleine ère Meiji (1868-1912), portant le nom de l’empereur à l’origine de l’ouverture du Japon au reste du monde et à son occidentalisation, que l’on découvre les débuts du réseau ferroviaires japonais, majoritairement privé à cette époque. On assiste à la nationalisation du réseau et les deux protagonistes vont être acteurs de ce changement, afin de faire du réseau de chemins de fer une fierté nationale.

 

Le mangaka en profite pour développer de nombreux aspects techniques, comme l’écart entre les rails, le démarrage, le système ABT permettant de monter des pentes raides, ou encore les problématiques telles que la fumée ou l’éclairage des wagons. Malgré la densité non négligeable de ces éléments, c’est fait avec pédagogie et toujours très bien illustré, à l’aide de schémas ou encore de cartes.

 

Même si j’ai trouvé ces éléments très intéressants, ils s’adressent malgré tout à un public curieux et/ou amateurs de ce sujet. De mon côté, j’ai particulièrement apprécié le lien systématique avec le contexte historique, social et géographique, ce qui m’a tenue durant toute ma lecture.

 

La partie documentaire qui clôture le tome, retrace de manière agréablement synthétique la création des chemins de fer sous l’impulsion du jeune empereur Meiji, la modernisation du Japon, et son ouverture au monde.

 

C’est donc un seinen historique aux allures didactiques, très bien réalisé et riche en informations qui s’adresse à toute personne ayant soif de connaissance. Le titre étant terminé en deux tomes, le format est parfait pour s’offrir un shot de savoir savamment distillé.

Hinatsuba

On remonte un peu dans le temps, à la fin de l’époque d’Edo, avec cet autre seinen historique proposé au format one-shot. Cette fois, on suit Suzu Kantake dans son quotidien au dôjô familial, dont son père est le maître d’arme.

 

La trame s’étend de 1864 à 1875, soit à une époque troublée durant laquelle le Japon est divisé entre partisans de l’empereur, soutenant l’ouverture du pays, et partisans du shogun, souhaitant le maintien du sakoku, c’est-à-dire de la politique de fermeture en place depuis plus de 200 ans.

 

Suzu, loin de toutes ces considérations, va pourtant former un parallèle intéressant à travers ses réflexions et ses choix de vie. Ici, il est question de la place des femmes dans cette société fortement marquée par la tradition, où Suzu a bien du mal à s’accepter. Elle a refoulé sa féminité depuis l’enfance, pensant que c’était la meilleure chose à faire pour exceller dans le maniement du sabre, sa passion depuis toujours qui la rapproche notamment de sa mère décédée. Petit à petit, elle va découvrir que ce postulat n’est pas immuable.

 

J’ai beaucoup aimé suivre son cheminement de pensée au fil des années, la voir s’interroger sur sa féminité, expérimenter, apprendre de par ses rencontres et trouver enfin sa place dans cette société chamboulée où traditions et nouveautés finiront par cohabiter, voire s’accorder.

 

C’est clairement mon petit favori parmi cette sélection de lecture, il rassemble tout ce que j’aime en alliant dimension historique, histoire de vie et thématiques fortes dans la bienveillance, avec un format court et maîtrisé. On a même le droit à quelques touches d’humour pour garder un ton léger, alors que le titre aborde aussi, l’air de rien, la prostitution, l’assassinat et la répression politique.

 

Un titre que je recommande donc sans hésitation, que vous aimiez les récits de vie, les titres historiques ou les œuvres abordant la place des femmes dans la société.

Hikaru in the Light!

Cette fois, il s’agit d’un titre nettement plus actuel, où l’on suit le parcours d’Hikaru Ogino. Cette adolescente de 14 ans va se retrouver propulsée dans le monde des idols sous l’impulsion de son amie d’enfance, Ran Nishikawa.

 

Je dois reconnaître que c’était le titre que j’appréhendais le plus à la lecture, car c’est un monde qui m’intéresse peu. Et pourtant, c’est peut-être celui qui se lit le plus facilement et qui touchera le plus large public. Le parcours d’Hikaru reflète le rêve de nombre d’adolescentes, tout en montrant les problématiques liées à ce milieu élitiste.

 

Le premier des quatre tomes de la série montre dans quelles circonstances Hikaru va être amenée à participer à une audition pour intégrer “un groupe de filles d’envergure internationale”, Girls in the Light. Et il faut avouer que c’est bien fait, on suit ses doutes, ceux de ses parents reprenant en partie les préjugés courants sur les idols, ainsi que ses premiers pas dans les auditions. La concurrence est redoutable, tout comme les commentaires du jury, pouvant briser les rêves de jeunes filles en quelques mots. Et quand on sait les conséquences que cela peut avoir, surtout en pleine adolescence où l’on a tendance à croire que tout échec marque la fin de notre existence, ça fait froid dans le dos.

 

Le titre aborde aussi la détermination de ces jeunes filles, prêtes à tous les effort pour sculpter leur corps et améliorer leurs compétences en chant et en danse. D’ailleurs, la

polyvalence demandée à ces jeunes talents va nettement plus loin, en raison de leur forte exposition médiatique. Et même une fois au sein d’un groupe, il faut réussir à garder sa place, ce qui inclus de plaire aux fans, ne pas se blesser et de briller sur scène et dans les médias. Facile franchement… Peu d’élues, un entraînement intensif et des carrières souvent éphémères, c’est la dure réalité des idols.

 

C’est donc un seinen parfait pour découvrir ce milieu, ou tout simplement passer un bon moment aux côtés d’Hikaru, “la voix d’or” durant son ascension semée d’embûches !

Sushi Ichi!

Retour à l’époque d’Edo, quelques années après l’arrivée des vaisseaux noirs, précurseurs de la future ouverture du Japon durant l’ère Meiji. Cette fois-ci on s’aventure dans la ruelle des restaurants de sushis d’Edo, nommée Sushiya Yokochô, où l’on suit le quotidien du maître sushi Taisuke, de l’établissement Sushi Nanohana.

Son talent est si particulier, qu’on le dit capable de pétrir le cœur des Hommes grâce à sa cuisine. Et c’est d’ailleurs ce qu’il fait, dans chaque chapitre de ce premier tome. Il vient toujours en aide à une personne tourmentée d’une manière ou d’une autre, en cuisinant et en lui faisant goûter un sushi élaboré et personnalisé. C’est ainsi qu’on le voit venir en aide à un commissaire colérique, une femme éconduite par son mari, la fille d’un samouraï déchu, un groupe de samouraïs en charge de la sécurité de la ville et deux sœurs récemment installées dans le quartier.

 

J’ai apprécié suivre la conception de chacune des recettes de sushi, mais aussi découvrir les ingrédients de l’époque (eh oui, pas de saumon par exemple !), mais également la réflexion derrière. On pourrait reprocher une construction un peu répétitive des chapitres, surtout que la série comporte tout de même 8 tomes, mais pour le moment ils permettent toujours d’apporter une petite pierre à l’édifice. Ainsi, on apprend à mieux cerner Taisuke ou son entourage.

Le protagoniste est extrêmement bienveillant et c’est grâce à chacune de ses rencontres que l’on découvre des éléments intéressants sur le contexte de l’époque.

 

Seul bémol à mes yeux, les scènes de dégustation. Si ce n’est pas le premier titre accès sur la cuisine à le faire, je ne suis pas adepte de ces moments servant de prétexte à de la nudité avec des compositions suggestives. Je comprends bien entendu la volonté de nous montrer “l’orgasme culinaire” vécu par les personnages, mais ça me laisse toujours perplexe. Cela dit, cela peut aussi constituer un point positif pour d’autres lecteurs et cela ne reflète pas l’atmosphère générale du titre qui équilibre bien cuisine, contexte historique et récits de vie.

 

Un titre qui vous donnera faim et certainement envie d’aller goûter des sushis directement au Japon !

Thèmes des parties documentaires

📖 Pour Engineer, à la conquête du rail – tome 1 :

  • Le Japon au début de l’ère Meiji
  • La mission Iwakura
  • La première locomotive et la première ligne
  • Les experts
  • La naissance d’un réseau
  • Les acteurs locaux
  • La ligne Tōkaidō

 

📖 Pour Hinatsuba – one-shot :

  • Le Japon au temps d’Edo
  • La société de l’époque
  • Le samouraï
  • Les bateaux noirs
  • La fin du shogunat
  • La restauration de Meiji

 

📖 Pour Hikaru in the Light! – tome 1 :

  • Le concept d’idol
  • Le fan service
  • L’exigence du parcours
  • Des carrières éphémères
  • Le « business des idols »
  • Un monde extrêmement codifié

 

📖 Pour Sushi Ichi! – tome 1 :

  • La composition et l’origine du sushi
  • Le sushi à Edo
  • La pêche
  • Les changements à l’ère Meiji
  • Le sushi de nos jours
neko17_manga
neko17manga@gmail.com


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